Jeudi 9 mars 2023 à 18 h 30, la librairie La Méridienne était bondée pour le vernissage du livre de Jean-Pierre Bregnard. C’est son ami de cinquante ans, le journaliste François Nussbaum, qui a présenté le livre, livre téléchargeable gratuitement mais aussi en vente au prix de CHF 20.-. Aussi en ligne, l’article de l’éditeur, Daniel Musy sur ce livre essentiel.
La présentation de François Nussbaum
À mon tour de vous souhaiter la bienvenue, pour ce petit moment consacré aux aventures littéraires.
J’avais deux bonnes raisons de refuser de m’exprimer aujourd’hui. D’abord, je ne suis pas critique littéraire, c’est un métier en soi et je ne l’ai jamais exercé. Ensuite je connais Jean-Pierre Bregnard depuis, restons un peu vague, une bonne cinquantaine d’années. Dans ce cas on se récuse, par crainte de manquer d’objectivité.
Le problème, c’est que j’avais lu ces Traversées avant. Comme j’y ai trouvé de tas de qualités, mais aussi de surprises, voire de messages, je me suis dit que je ne pouvais pas me dérober comme ça.
Parce que ce bouquin est déroutant à plus d’un titre. Prenons le début : « Je m’appelle Adam. Pour l’heure, je n’existe presque pas. Mais, par la magie des mots et votre sens du romanesque, vous verrez, je vais vite prendre de la consistance ». Comme quoi, un roman, ça ne tombe pas du ciel, ça se construit. Où, comment, sur quelles bases ? Bonnes questions…
Un paragraphe plus loin : «J e venais d’écrire ces premières lignes de mon roman quand Alice a frappé à ma porte ». Tiens, on sort déjà du roman ? Ben non, l’arrivée d’Alice, jeune voisine de l’écrivain, en fait partie. Même qu’elle avertit le vieil homme : « J’espère que ce n’est pas un de ces romans tarabiscotés qui se raconte lui-même, c’est un genre dépassé».
Plus loin, il s’explique : « Un écrivain digne de ce nom se doit de partir à l’aventure sans carte ni boussoles ». On est là au coeur de la démarche. Le roman va s’élaborer en fonction de la vie et du passé de l’écrivain, évidemment, mais aussi des règles littéraires, de l’avis présumé des lecteurs et du contexte historique.
Ce dernier point est important. Le monde évolue, bien sûr, mais on voit que la perception des événements change rapidement. Le « politiquement correct » contraint le commentateur, par exemple l’écrivain, à des prudences momentanées qui, peu après, seront à leur tour jugées coupables.
Ce n’est pas un hasard si le roman de Bregnard nous amène à plonger – littéralement – dans les eaux de la Mer Egée où des groupes racistes et haineux s’amusent à couler des embarcations de migrants. Un rescapée intervient d’ailleurs dans le roman, pour nous faire aborder le thème délicat et dangereux de la vengeance.
Mais, grande rupture au milieu du bouquin : la fin est bien imaginée mais ce n’est pas crédible d’un point de vue de simple logique. On aurait pu user d’un artifice pour résoudre la chose, mais non, on ne joue pas avec la vie des gens. Bref, faut tout recommencer. Disons, presque tout. Et la deuxième mouture permet à Bregnard d’inclure des thèmes qui lui sont chers, comme le rapport à l’Autre, lié au rapport à soi.
Dernière entourloupe : c’est Alice, la petite voisine, qui, dans des circonstances compliquées, terminera le roman. Sans le signer. Elle dira que c’est un manuscrit anonyme. A se demander si Jean-Pierre Bregnard est bien l’auteur qu’on félicite aujourd’hui, ou un usurpateur malhonnête qui n’a jamais écrit une seule ligne…
Mais le livre, lui, est bel et bien là. Et je ne peux que vous souhaiter bonne lecture, en vous assurant que vous ne perdrez pas votre temps.
J’aimerais juste ajouter un mot sur l’édition. Il s’agit bien ici des Éditions Sur le Haut, à La Chaux-de-Fonds, qui travaillent avec l’imprimeur chaux-de-fonnier Monney. Ces éditions sont menées par un Chaux-de-Fonnier, Daniel Musy, à titre bénévole, pour des auteurs de l’Arc jurassien. À l’heure où beaucoup d’éditeurs ne peuvent plus rien publier, tant ils croulent sous les manuscrits qu’on leur envoie, l’engagement de Daniel Musy est incroyablement précieux, d’autant plus qu’ils propose des conditions très favorables et une grande souplesse d’exécution, comme le téléchargement en ligne (gratuit) lors de la parution sur papier. Qu’il en soit vivement remercié.

